samedi 14 mars 2015

Hotel-Dieu : encore une promesse d'Anne Hidalgo aux parisiens qui sera brisée ?

Toute bonne campagne politique, qu'elle soit présidentielle ou municipale, a son lot de promesses plus ou moins démagogiques, surtout quand on est socialiste (de gauche comme de droite) et que l'on doit, sous l’œil des journalistes qui se focalisent sur les dossiers médiatiques, convaincre les électeurs qu'il est possible de raser gratis.

Anne Hidalgo, maire de Paris, n'a pas échappé à la loi du genre, notamment en ce qui concerne le dossier de l'Hotel Dieu, l’hôpital sur l'Ile de la Cité, dans le 4eme arrondissement. L’hôtel-Dieu de Paris est le plus ancien hôpital de la capitale. Fondé en 651 par l'évêque parisien saint Landry, il fut le symbole de la charité et de l'hospitalité. 
Parenthèse : dans ce domaine comme dans d'autres, on remarque qu'un service public a donc été crée et a existé sans que des fonctionnaires payés par un Etat organisent un service public au sens socialiste du terme. 
Fermons la parenthèse.

L'Hotel-Dieu fait actuellement partie de l'établissement public de santé Assistance publique - Hôpitaux de Paris (APHP), et depuis 2010, un projet de réorganisation prévoit de supprimer des postes au sein de cette administration, ainsi que de fermer certains établissements. L'Hotel-Dieu serait donc fermé à terme, puisque, d'après les experts, sa mise au norme coûterait 280 millions d'euros, soit bien plus cher que la création de lits dans d'autres hôpitaux publics parisiens.

Pourtant, en dépit de cette annonce datant de 2010, Anne Hidalgo, en septembre 2013 et alors en campagne, n'a pas hésité à déclarer (2) :
  • "La fermeture des urgences [de l'Hôtel-Dieu]  n'est pas possible en l'état actuel des choses. Elle aurait des effets qui se reportent déjà sur d'autres hôpitaux, comme Lariboisière (10e) ou Cochin (14e). Et ce surcroît d'activité ne peut pas être absorbé. Ça n'est pas acceptable". 
  • "Si je suis élue, je veux faire en sorte que le temps d'attente [des urgences de l'Hôtel-Dieu] soit réduit de moitié". 
Le plus drôle, c'est que les propos de la candidate Hidalgo semblaient contredire les actes de l'adjointe Hidalgo, au pouvoir aux cotés de Delanoë depuis 2001. En tout cas, tel est le message que faisaient passer en filigrane diverses parties prenantes sur le dossier, qu'il s'agisse d'Elisabeth Castel  (3) (UDI Paris 4eme), Vincent Roger (4) (UMP Paris 4eme), Act Up Paris (5), Danielle Simmonet (6) (Front de Gauche Paris 20eme) ou le médecin urgentiste Gérald Kierzek (7)

Est-ce que le maire de Paris a le pouvoir de se mêler des affaires de l'Hotel-Dieu ? Bien sûr, puisqu' Anne Hidalgo préside également le conseil de surveillance de l'APHP (8) ! 
Du coup, que faut-il penser du tweet de Guillaume Gandoin, infirmier urgentiste aux urgences de l’Hôtel-Dieu, qui dénonce le double discours de la mairie de Paris ?

Il se trouve qu'en effet, l'ordre du jour du conseil municipal qui se tiendra les 16 et 17 mars 2015 prévoit de discuter la possibilité de construire des logements (dont, évidemment, des logements sociaux !) sur une partie du site de l'Hotel-Dieu.
Juste à titre de rappel, l'ordre du jour du conseil municipal, ce n'est pas le maire qui le fixe ? 

Autrement dit, alors qu'avant l'élection municipale, il fallait tout faire pour préserver les urgences de l'Hotel-Dieu, maintenant, on peut passer à autre chose, changer radicalement de discours et tenter d'utiliser la situation pour remédier à une autre promesse démagogique, l'objectif de 30% de HLM à Paris !

En ce moment, les politiciens dans leur majorité, s'inquiètent des réactions populistes de citoyens. Ils réfléchissent même à rendre le vote obligatoire ? Mais ne comprennent-ils pas que l'accumulation de volte-faces, comme peut en pratiquer Anne Hidalgo, constituent une des raisons pour lesquelles les français, même ceux qui sont politisés ou intéressés par la politique, sont de plus en plus dégoûtés par les élus ? 
Que ce soit sur l'Hotel-Dieu ou sur d'autres sujets, à quand une parole de vérité de la part des politiciens ? 




(1) Le JDD Coupe franche dans les hôpitaux 23 janvier 2010

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