mardi 27 mai 2014

AirBnB : ces parisiens, de gauche, qui vont comprendre leur douleur

Vous connaissez tous la blague récurrente dans ces vieux dessins animés, celle du rateau sur lequel un des personnages marche ? Ca fait toujours rire, même si c'est débile. 

Et bien, il faut croire que certains n'ont pas assez regardé la TV quand ils étaient petits. 

Parmi ces derniers, tous les parisiens des quartiers dit "bobos" qui ont voté Anne Hidalgo (Parti Socialiste) et Ian Brossat (Parti Communiste), malgré leur programme de répression tout azimut, notamment en matière de locations touristiques court terme. 

En effet, le marché apporte spontanément des réponses à des problématiques qui se posent à différents groupes, tels que des touristes en recherche de logement, des habitants qui veulent arrondir leurs fins de mois ou même tout simplement des gens qui veulent rencontrer d'autres personnes. 
Ces solutions apportées par le marché s'appelent couchsurfing et autres AirBnB. 

Or, l'exécutif socialo-communiste parisien a promis d'intensifier la lutte contre ce type de solutions, pour divers motifs, tels que le fait de préserver la situation des hôteliers, ou encore collecter des taxes. D'un coté, si le PS et le PCF assumait le fait d'être le représentant de la noble corporation des hôteliers, alors on pourrait comprendre. Après tout, les hôtels sont soumis à un nombre d'obligations légales, sociales, fiscales et sanitaires invraisemblables, donc l'émergence d'une concurrence ressemble pour eux au cauchemar que vivent les taxis face aux VTC. Mais il ne s'agit même pas de cela, ou alors à la marge. L'objectif des socialo-communistes parisiens est de lutter contre la liberté des propriétaires qu'ils ont de louer à qui ils veulent, comme ils veulent, afin, disent-ils, de faire baisser la pression immobilière. L'autre objectif est de préserver la base fiscale. 

A cela, plusieurs objections. Déjà, les hôtels parisiens ne sont pas en danger (et c'est d'ailleurs un problème). Les taux de remplissage des établissements parisiens sont bons, toute l'année, grâce à la diversification de Paris, qui reçoit à la fois du tourisme d'affaires et du tourisme de visites privées. Ensuite, malgré l’effervescence constatée autour d'un tout petit créneau, celui des palaces (Crillon fermé pour 2 ans depuis 2013, Lutetia subissant le même sort, etc), les hôtels sont protégés, comme les propriétaires parisiens d'ailleurs, par tout ce qui fait qu'on ne construit pas, ou très peu, à Paris : rareté et coût du foncier, finitude des 105km² de Paris enserrée dans son périf, législations environnementales, etc. Sauf catastrophe majeure (attentat qui détruirait la Tour Eiffel et le parc des Expos de la Porte de Versailles en même temps), il y aura toujours des touristes à Paris. 

Il y aura toujours des touristes, et il y aura toujours des nouveaux habitants pas rebutés par la bulle immobilière, aussi. Mais ça, Hidalgo et Brossat ne veulent pas accepter cette loi basique du marché : quand il y a de la demande forte, les prix montent
C'est normal que les loyers parisiens atteignent des montants impressionnants : il y a des gens prêts à payer. C'est d'ailleurs pour cela, en plus du coût qu'ils impliquent pour les contribuables, qu'il est idiot d'avoir des HLM à Paris : ils représentent un manque à gagner pour tout le monde. 

Du coup, on a du mal à comprendre que l'affaire sortie la semaine dernière sur ce parisien qui sous-louait une chambre de son appartement fasse du bruit. D'une part, sur le fond, c'est un locataire qui n'avait pas demandé l'avis de son propriétaire. C'est moyen, du point de vue moral. Mais surtout, il fait peut être parti de tous ces parisiens qui ont consciemment (ou non ?) choisi de reconduire la dauphine de Bertrand Delanoé, associée aux communistes. Leur vision de l'immobilier, ils l'ont exposé en long et en large : 30% de HLM, c'est à dire soviétisation de l'immobilier et tentative de plafonnement des loyers. La "droite" parisienne, et c'est le pire, n'avait d'ailleurs pas grand chose d'alternatif à proposer. Il parait même qu'elle ose demander des logements sociaux pour ses amis. 

Bref, on le voit bien, d'un coté il y a le monde imparfait mais réel, le monde des coopérations (marchandes ou non) spontanées, que le 2.0 rend encore plus pertinent, et de l'autre il y a le dogmatisme et le dirigisme d'une classe politique qui ne peut pas accepter que les choses se fassent sans elle, et qui du coup est prête à se compromettre auprès de tous les lobbys qui ont besoin d'elle. Le rôle de la Mairie de Paris pourrait se limiter à mieux coopérer avec la préfecture de police pour assurer plus de sécurité, à dataminer les incendies de la capitale pour aider les pompiers à être des agents de prévention et à faire en sorte qu'il soit enfin possible de marcher dans une ville propre. Mais non. On envoie des brigades d'inspecteurs pour surveiller AirBnB. Et tout ca, avec l'assentiment des électeurs. 



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