jeudi 8 décembre 2011

Acheter français, bonne idée ...

... a priori. Mais dans la réalité, ca pose quelques problèmes. Passons sur le cas spécifique des oranges, du pétrole ou des I-Phones.
Produire et acheter Français, c'est la grande idée de nos amis du Modem, comme vous pourrez le voir sur le blog de l'Heretique ou celui d'Okan Germiyan.
Mais produire français peut aider à résoudre le problème de déficit, ou celui de l'emploi, mais pas les deux en même temps, et pas celui du pouvoir d'achat.

On travaille et on produit pour se payer le choses que nous désirons et dont on pense qu'elles constituent une réponse à nos besoins. Mais si nous pouvions ne pas travailler , la plupart d'entre nous le ferions. De même, quitte à avoir la contrainte d'aménager un environnement de travail dans nos vies et dans nos paysages, nous préférons qu'il soit agréable plutôt qu'une caricature d'usine de sidérurgie du XIXeme siècle, ce qui, si on en croit l'iconographie soviétique, est pourtant la quintessence du travail.

Pourquoi des pays relativement désindustrialisés comme les Etats Unis s'en sont plutôt sortis jusqu'à présent ? C'est parce que l'économie de la connaissance ne se matérialise pas forcément par des usines ou des mines à ciel ouvert, mais permet à un créateur de bénéficier de revenus de brevets. Les Etats Unis sont en déficit commercial ? Ils importent trop des produits qu'ils consomment ? OK, mais Britney Spears, Christina Aguilera, Justin Bieber et autres ne drainent-ils pas vers eux des revenus tirés du monde entier ? Century 21 ou Mc Donald's importent du boeuf argentin ou du blé ukrainien mais ne touchent ils pas aussi des revenus de leurs franchisés du monde entier ?

Ce sont bien les revenus des gens, et non pas les emplois salariés des gens stricto sensu, qui permettent de consommer.

En plus, on a un autre problème en France. Imaginons que produire une Clio nous demande 18 heures et deux ouvriers et leurs machines (exemple fictif et simplifié), et qu'en Chine, une Geely soit produite en 20 heures avec 4 ouvriers. Même en équilibrant notre balance commerciale, une voiture exportée pour une importée, le solde d'emploi reste négatif. Alors, on fait quoi ? On demande aux entreprises d'être moins productives ?

Rapatrier la production de la Clio à Sandouville, c'est bien. Mais c'est loin d'être suffisant, surtout si, fait le plus important, les deux autres soldes invisibles, le solde de la valeur ajoutée, et le solde des heures de travail manufacturier par produit, sont eux négatifs. Dans un pays comme la France, attachée à juste titre à un niveau de vie elevé en comparaison de ce qui se fait dans nombres pays de la planète, ce sont les bons salaires qui nous aideront, plus que les emplois chez nous à tout prix. La priorité est donc de libérer les entrepreneurs et non pas de chercher à les enchainer à un territoire. Seuls des gens astucieux type feu Steve Jobs (Apple) ou Peter Thiel (Paypal) sont capables, de manière non planifiable, de créer les emplois à haute valeur ajoutée.

NB : L'autre priorité est de lire la Grève, de Ayn Rand.

6 commentaires:

  1. En Suisse aussi des responsables politiques nous incitent à consommer et à acheter local. Pour eux, il est aberrant au nom de écologique de faire venir des fraises d'Espagne ou des asperges du Mexique alors que nous les cultivons aussi. Et de l'autre côté, ces mêmes personnes se vantent de nos performances de l' industrie exportatrice horlogère, chocolatière ou fromagère. Ils n'ont pas compris que le commerce mondiale va dans les deux sens.

    Je me demande ce qu'ils diraient nos moralistes si les Japonais au nom de l'écologie n'importeraient plus nos montres? En prétextant qu'ils en font aussi des montres de très bonne qualité. Idem avec les Belges et les français pour le chocolat et on peut rajouter les fromages suisses exportés dans le monde entier qui est une aberration écologique. Puisque tout les pays de monde produits ses propres fromages.

    Aller comprendre qui pourra.

    D.J

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  2. je voulais juste dire que le commerce mondial ne va pas dans les deux sens.comment expliquer qu'un saxophone chinois neuf coute moins cher sur le net en france que dans un magasin a shangai?que les normes de securité et de qualité soient draconienes pour les producteurs français et pas pour les chinois?

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  3. Les chinois achètent nos trains et nos ascenseurs. Et nous importons leur saxophones et leurs téléviseurs. On ne peut pas leur dire non merci pour vous produits, mais continuer à acheter les nôtres.

    D.J

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  4. "que les normes de securité et de qualité soient draconienes pour les producteurs français et pas pour les chinois? "

    ce n'est pas un problème de la mondialisation mais du socialisme ça.

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  5. @ Anonyme,

    On pourrait évoquer aussi les normes sur le code du travail des chinois casi absentes contrairement à celles des Français.

    La mondialisation n'est pas parfaite est inégalitaire. je vous le conçoit. Mais vouloir revenir en arrière ou vouloir ( sans se rendre compte ) un commerce à sens unique; n'est pas la solution. Les pays émergents sortent de la misère grâce au commerce mondial; laissons-les se développer. Il y arriveront tôt ou tard comme nous. Tel nous à une époque.

    D.J

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  6. "Normes sur le code du travail des chinois quasi absentes contrairement à celles des Français"

    excusez moi, cher lecteur, mais ca me fait doublement rire

    1.Est ce que, quand l'Angleterre, la Ruhr ou le Nord de la France se développaient, dans les années 1850, elles sont allées demandées à la Chine ou à l'Inde si le travail des enfants et la pollution ne les dérangeaient pas ?

    2. La France est certes en deficit par rapport à la Chine, mais aussi avec l'Espagne ou la Suede. La faute aux normes sociales ?

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